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Article  pour  Zipper   (janvier 1998)

A P H E X     K I N G    (2001)

 

Aphex Twin décoré par la très sérieuse Royal Academy of Arts, Aphex Twin héros de ses propres clips et du futur long métrage de Chris Cunningham, Aphex Twin béni de Björk sur l’album Vespertine… Avec Drukqs, Richard James constitue la preuve par 7 albums qu’une star est née de l’underground pur et dur.

 

Lors de la sortie de Windowlicker, et alors que le New Musical Express consacrait sa une à «Mme Twin» (aka Mr James travesti par son fidèle vidéaste, Chris Cunningham), Björk elle-même déclarait à propos du musicien : «Je pourrais passer des heures à parler de ses facultés exceptionnelles en matière de technologie, de son humour, de son énergie, ou de comment il arrive à tout faire sans effort (…) Mais là n’est pas le plus important. Ce que j’aime vraiment chez lui, c’est qu’il fait partie de ces gens qui ne cessent d’aller de l’avant. Il est à la pointe de l’iceberg, et ce qu’il montre ne représente même pas le dixième de ce dont il est capable. He’s just the king». Pendant un temps, la rumeur d’un album commun où la muse islandaise aurait chanté sur le répondeur du hacker briton a même couru bon train, mais non… Finalement, chacun n’en a fait qu’à sa (forte) tête. Et c’est ainsi, seul et unique, que le héros des Cornouailles nous revient avec Drukqs, un septième album qui prend dix longueurs d’avance sur tous les faux jumeaux (Ovuca, Datachi, Yee-King, Bogdan Raczynski…) qui, depuis les prouesses arythmiques de Richard D. James et à l’image des clones grimaçants qui peuplaient les clips de Come To Daddy et Windowlicker, se sont mis à aligner torpilles «braindance» sur tornades «drill’n’bass», sans jamais parvenir à la cheville de leur aîné. Dans la cour des grands, même Björk et son Vespertine, même Radiohead et leur Idiotheque n’avaient osé pousser le bidouillage aussi loin.

Avec Drukqs, le roi du software hardcore renoue avec la complexité du son asocial par excellence. L’occasion de rappeler à tous ceux qui avaient acclamé son œuvre comme celle d’un messie sonique que Richard James compose avant tout pour lui-même. «Je ne pense pas du tout aux autres gens quand je fais de la musique. Ce n’est pas par méchanceté, c’est juste que j’ai toujours composé pour moi seul, pour mon simple plaisir. Si je rythme mes morceaux, c’est juste parce que j’aime ça, parce que ce serait trop facile sinon, mais pas pour faire danser les gens. J’aime tout particulièrement que les mélodies s’incorporent aux rythmes.»

Au programme de ce double album, pas moins de 30 titres où s’électrochoquent ainsi ouragans breakbeats, apocalypse post-indus cousue de mélodies mutines, et interludes au piano qui convoquent le fantôme d’Erik Satie, avant de l’en retourner dans sa tombe. AFX a donc tenu ses promesses, puisqu’il nous confiait à l’époque de Come To Daddy qu’il avait méchamment envie de se remettre au piano. Ces parties de classique, moitié jouées, moitié programmées, permettent de reposer l’auditeur entre deux assauts de breakbeats schizo. «Certains de mes morceaux sont complexes, c’est pour ça que je travaille parallèlement sur des titres plus épurés, car on perd le plaisir de l’écoute, on est perdu dans la musique quand elle est trop d’avant-garde.»  Coincés de la feuille et autres arriérés du tympan, s’abstenir. Drukqs est une bombe sans retardement, à même de décapsuler les neurones les plus  structurés. Lavez-vous bien le cerveau avant d'y goûter.   (Eva D.Lysid)

P H A N I X    T E L E P H O N E    A P H E X

Phoner interview pour PARTY NEWS lors de la sortie de Come To Daddy   (1997)

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